Un cépage d’origine ancienne, le Papazkarasi, cultivé dans la région de Thrace (Trakya)

Vin: Papazkarasi 2016 Producteur: EdrineVineyards Cépage: Papazkarasi Vignobles uniques: Demir Bey Baglari Millésime: 2016

Papazkarasi est un cépage d’origine ancienne, cultivé dans la région de la Thrace (Trakya) au nord de la Turquie, la zone frontalière entre la Bulgarie et la Grèce, près de la ville historique d’Edirne (Andrinople), ancienne capitale de l’Empire ottoman avant la chute de Constantinople.

Les origines ampélographiques sont incertaines, certains savants estiment qu’il s’agit d’un Prokupac naturellement croisé (cépage présent en Serbie et en Macédoine), alors que d’autres pensent qu’il s’agit d’un parent éloigné du Kadarka hongrois. Ce raisin est également présent en Grèce où il prend le nom de Kara Papas.

La vigne s’exprime le mieux sur des sols granitiques comme ceux du massif montagneux de la Strandja (Strandzha). Les cépages les plus importants se trouvent dans la région de Kirklareli et Edirne.

Les petites grappes et les faibles rendements, peu de tanins mais une forte acidité, font la typicité de ce cépage. Le vin que je vous présente est issu d’un seul vignoble, Demir Bey Baglari, situé dans le village de Yeniköy; voilà comment il se présente:

Avec une couleur particulière entre un rose clair et un rouge rubis pâle, il y a très peu de reflets qui tendent au rouge pourpre. Il rappelle vraiment la couleur du poivre rose de Bodrum (ci-dessus en photo) ou celle des cerises en phase de maturation. Ce vin est très clair, presque  cristallin, splendides sont son éclat et sa vivacité, normale est le manque de profondeur chromatique qui est typique du raisin, il est finalement assez cohérent dans le verre.

En le voyant, il serait comparable à un pinot noir alsacien très léger, ou à un grignolino du Monferrato, presque à un “cerasuolo” des Abruzzes ou à un lagrein rosé de bonne extraction. Le nez offre une belle intensité et une persistance avec des arômes de bonne qualité tendrement fruités et floraux. On y retrouve des notes claires de géranium et de cerise, de rose séchée, de sucre caramélisé et de caramel. Une note épicée particulière de poivre rose et une agréable note aromatique presque orientale, le bois de santal et l’encens sont une surprise agréable et inattendue. À la dégustation, il est décidément sec, frais, salin, peu tannique et très sec,  pour aider et soutenir la partie molle intervient une teneur en alcool de 14,5% … Je dirais un vin assez corsé, plutôt équilibré 4 ans après les vendanges, pas très intense et persistant, mais fin et agréable à boire. En conclusion, un ensemble assez harmonieux et prêt à boire mais qui peut atteindre 3-4 ans de vieillissement facilement.

Je recommande de le goûter, car c’est vraiment  une expérience de déguster les anciennes variétés turques, puisque l’origine de la vigne et de l’œnologie est certainement et historiquement passée par ces régions ou peut-être, la Mésopotamie me pardonnera, elle est née ici !!! Un vin peu exigeant, facile à boire et agréable, légèrement aromatique et sec, je le boirais au printemps ou en été avec de simples volailles rôties; j’ai essayé l’accord avec du poulet cuit dans un bouillon de légumes et je dois dire que c’était plutôt réussi. Cependant, je n’exclus pas des accords avec de la charcuterie et des fromages pas trop assaisonnés. Si j’étais en France je prendrais le risque de l’associer avec un rable de lapin. Cependant, si j’étais en Italie je le boirais avec un lapin “à la ligure”. Néanmoins puisque je suis en Turquie, je le tenterais avec un plat typique, même si une autre zone différente du lieu de production du vin lui-même: Anali Kizli … Santé! Serefe!

Daniele Montano

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